Plusieurs fédérations sportives et établissements scolaires, de même que des parents et leurs enfants, ont été pris de court par les directives du ministre de l’Éducation Jean-François Roberge. Les activités sportives et parascolaires ne seront pas permises dès la rentrée si elles ne préservent pas les « bulles-classes ».
Alors que les activités de différents programmes sport-études reprenaient, un effet de surprise s’est fait ressentir. Le concept de cette bulle avait été expliqué en juin, mais les paramètres de sa mise en œuvre ont été communiqués vendredi dernier, explique Gustave Roël, président-directeur général du RSEQ.
« La difficulté que nous avons présentement, c’est que dans cette définition, il n’y a pas la possibilité que les jeunes puissent se retrouver avec des amis d’une autre classe, par exemple », dit-il. S’il comprend et appuie le concept de bulle pour une question de sécurité, M. Roël juge que les équipes sportives peuvent également y contribuer.
« On peut rapidement intégrer toutes les mesures sanitaires dans une équipe sportive. On pourrait se servir de ces jeunes comme vecteur pour contrer la pandémie », affirme-t-il.
« Il y a beaucoup de confusion dans le milieu actuellement. On n’a pas reçu de directives claires par rapport à ça à l’heure où on se parle. C’est donc excessivement difficile de se positionner là-dedans au moment même où il y a des jeunes, aujourd’hui, qui font leur entrée dans des écoles où des programmes sport-études sont offerts. C’est beaucoup de stress et d’incertitude pour ceux qui travaillent avec les jeunes », a indiqué Mathieu Chamberland, directeur général de Soccer Québec, qui a aussi rappelé que 100 000 joueurs et joueuses de soccer sont sur les terrains depuis juin.
Au Québec, il existe plus de 600 programmes sport-études reconnus répartis dans 48 établissements d’enseignement secondaire. En incluant les concentrations sport-études, des dizaines de disciplines sportives sont concernées.
Isabelle Ducharme, directrice générale de la fédération de natation du Québec, rappelle que des plans avaient été mis en place dans les écoles pour assurer la relance des activités sportives et ces directives apportent leur lot d’inquiétudes. Notamment, elle craint pour les emplois d’entraîneurs à temps plein et pour des clubs à travers la province si le sport-études ne reprend pas rapidement.
« J’ai 36 écoles qui ont du sport-études, ce qui implique 800 nageurs au secondaire. Et il y a une multitude d’interprétations des consignes sur le terrain », souligne-t-elle.
Jusqu’au début de la semaine, des entraîneurs et des écoles préparaient leur plan pour la rentrée dans le contexte actuel. Des parents continuaient également des démarches pour que leurs enfants soient inscrits dans un programme sport-études.
« Pourquoi en sommes-nous là aujourd’hui, à la journée même où les enfants rentrent à l’école, demande-t-elle, témoignant de l’incompréhension dans le milieu sportif. Toutes les écoles ont été préparées à accueillir des sport-études. »
Des intervenants rappellent également les bienfaits du sport en milieu scolaire, alors que plusieurs reviennent en classe après six mois d’absence.
« SportsQuébec est toujours soucieux de la réussite scolaire des jeunes et on persiste à croire que le sport fait partie de la solution. On dénote une certaine dichotomie entre la pratique du sport à l’école et celle à l’extérieur. Dans ce contexte, nous allons travailler avec le ministère et avec nos partenaires de la communauté sportive pour faire bouger le plus de jeunes possible », dit Rémi Richard, directeur général adjoint de SportsQuébec.
Les « bulles-classes »
Le ministre de la Santé et des Services sociaux Christian Dubé a rappelé à son tour jeudi, lors d’une conférence de presse, l’importance de garder intactes les « bulles-classes » pour réduire les risques en cette rentrée scolaire.
Le ministre a assuré qu’il s’agissait d’une décision difficile, mais a dit vouloir faire preuve de prudence après une longue discussion avec la ministre déléguée aux sports Isabelle Charest.
« Le grand principe est de respecter les bulles tout au long de la journée, a affirmé M. Dubé. Que ce soit en service de garde ou en parascolaire, cette bulle-là doit être respectée. C’est important, car s’il y avait des cas, il faut être capable de faire le traçage approprié. »
Le ministre a indiqué vouloir y aller étape par étape en voyant la situation évoluer dans les différentes écoles. Les activités pourraient ne reprendre que dans un mois.
Une pétition lancée mercredi soir par la mère d’un étudiant-athlète de cinquième secondaire a rapidement recueilli des milliers de signatures. Elle souhaite que le gouvernement revoie sa décision et permette aux jeunes de pratiquer leur sport.
Le député libéral Enrico Ciccone, porte-parole de l’opposition officielle en matière de sports et de loisirs, a critiqué cette décision du gouvernement via Twitter en affirmant que la bulle est percée lorsque les enfants quittent l’école pour revenir le lendemain.
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